Besoin de solitude ( Ashley)

On as tous ces bonnes vielles habitudes qu’on arrive pas à chasser même si on y met la plus grande volonté. J’avais besoin de m’éloigner du club, de « prendre l’air ». J’aurais pu aller pêcher ou jouer au golf, il parait qu’il n’y a rien de mieux pour se vider la tête, mais non je me retrouve assis au comptoir d’un bar, commandant mon troisième verre de whisky tandis qu’une belle brune qui a du essayer de faire des économie sur le tissus de ses vêtements, me tient compagnie. J’ai choisi un bar où je n’ai pas l’habitude d’aller, en vérité je n’avais pas envie de croiser des membres du club et encore moins des membres de club adverse, je suis conscient qu’un affrontement est la dernière chose dont nous avons besoin et mes dernières frasques n’ont pas encore étaient totalement « négociées », il faut que je fasse profil bas pour les prochaines semaines à venir.

Je ne sais pas depuis combien de tant la charmante demoiselle à mes côté est en train de parler, ces lèvres bougent mais je n’ai pas écouté un mot de ce qu’elle a dit, j’essaye péniblement de savourer mon verre, espérant m’enivrer pour enfin arriver au calme que je recherche, bien que tout le monde sait que je peux faire des choses vraiment stupides quand je suis sous l’effet de l’alcool, et je fais déjà pas mal de conneries en étant sobre, c’est pour dire!

La brune est plutôt entreprenante et semble ne pas vouloir lâcher le morceau, en tant normal j’aurais su apprécier la situation, elle n’aurait même pas eu à aller aussi loin pour être franc, mais ce soir sa présence m’agace plus qu’autre chose.
Je dois avouer que je ne me reconnait plus ces derniers temps, je crois que je ne suis plus à la hauteur de ma réputation et je craint le jour où les gens s’en apercevront. C’est vrai, j’étais le bras droit du président de Samcro, un homme de main sans foi ni loi, ma seule faiblesse était les créatures comme cette jeune femme à ma droite, ma difficulté à contrôlé mes pulsions ont bien failli nous mettre dans la merde plus d’une fois. Alors pourquoi ai-je cette envie soudaine de frapper cette femme au lieu de la ramener dans mon lit? Bien entendu je ne le ferais jamais, je ne lèverais jamais la main sur une femme ( du moins pas intentionnellement), il me reste quand même un peu d’honneur au fond de moi.

Tu ne veux pas aller jouer ailleurs? Je suis pas intéressé ce soir.

Elle me fait une mine de chien battue, qu’est-ce qu’elle essaye de faire, m’amadouer? Je suis à deux doigts de perdre patiente, je suis venu ici pour être seul ce soir et boire jusqu’à ce que j’en oublis mon nom, j’ai vraiment pas envie de jouer.

Allez, dégage!

Il lui faut encore quinze longue secondes avant d’obtempérer et de quitter sa place pour partir plus loin. Qu’est-ce qu’un homme doit faire pour rester seul face à son verre?

Quelque chose me pousse à prendre mon manteau et sortir sans savoir où je vais. Je ne sais pas si c’est le fait d’avoir revu ma meilleure amie mais, je ne me sens pas trop dans mon assiette. Certes, le manque que génère mon deal avec Tara me rend déjà assez nerveuse et instable mais, cette fois, c’est différent. Je sens que mon cœur me lâche peu à peu et, j’ai besoin de changer d’air, d’essayer de m’occuper pour ne plus y penser. J’ai passé tant d’années à essayer de me reconstruire, plus ou moins bien et, voilà qu’elle réapparait comme ça, comme une fleur demandant à se faire arroser par manque d’apprivoisement. Bon sang, qu’elle me rend folle ! Elle a toujours été douée pour ça et, je vois que cela n’a pas changé. Je soupire, fermant la fermeture éclair de mon gilet caramel cuir. Il n’est pas assez chaud pour le froid qu’il fait à l’extérieur mais, de toute façon, je ne compte pas trainer trop longtemps à l’extérieur. Le premier bar que je croiserais me suffira et, j’espère qu’il n’est pas très loin…

Effectivement, je n’ai pas à marcher longtemps pour y arriver, tout au plus un quart d’heure. L’endroit est bondé de gens pas « fréquentables » mais, après tout, le suis-je vraiment ? Je ne suis qu’une paumée, ne sachant quoi faire de sa soirée, cherchant à se noyer dans sa propre peine par le biais de la plus facile des solutions : l’alcool. Me rendant au comptoir sans prendre la peine de répondre aux hommes qui me saluent à l’entrée, je ne remarque même pas la présence que Tig non loin. Je fais signe au serveur, lui demandant de me servir ce qu’il a de plus fort en deux quantités égales, une habitude à moi. Je me suis habituée à toujours prendre deux verres, histoire d’éviter à en redemander un dans les 5 minutes qui suivent. Comme ça, on peut croire que je suis accompagnée, alors que je ne le suis pas forcément. En attendant que le serveur revienne avec ma commande, je prends soin d’enlever mon manteau, découvrant ainsi mes épaules nues. Faut dire que je ne me suis définitivement pas habillée pour la saison, avec mon petit débardeur noir et ancien jean amoché. Même mes bottines ne sont pas adaptées, pour dire. Bref, c’est en posant mon manteau sur le tabouret d’à côté que mon regard frôle celui d’une brunette boudeuse qui semble s’en aller. Déjà ? Elle n’est même pas accompagnée. Vu sa tenue, elle devrait faire des frais.

Le serveur m’apporte mes deux verres et me fais signe de sa présence en les tapotant sur le comptoir. Je me retourne et le remercie d’un signe positif de la tête. Je le suis du regard lorsqu’il s’en va et, c’est là que je le vois lui, le dernier homme que j’aurais envie de croiser ce soir. Je suis bien trop nostalgique pour lui faire face, manquerait vraiment plus que je lui dise des choses que je pense vraiment. Prenant mes verres avec délicatesse, je mets mon manteau sur le bras et m'aprette à m'éloigner un peu, vers une table au loin, lorque qu'un des hommes qui m'a salué à l'entrée m'accoste à nouveau " Hey ! Je te dérange ? " " Oui et pas qu'un peu ! " " Ben quoi ? Ta mère t'as dit de pas parler aux inconnus ? " Je lève les yeux pour le fixer avec arrogance. " Ma mère, elle t'emm*rde... " Sans parler du fait que je ne l'ai pas connu et ne sais même pas à quoi elle ressemble. Je vois le type monter doucement sur ses grands chevaux et, l'espace d'un instant, je me revois quelques mois en arrière : faible et conne devant mes agresseurs. Il tend une main vers moi, pour me prendre par les épaules mais, je repousse violemment sa main d'un revers de la mienne, celle qui est libre. Il hausse la voix. " Pour qui tu te prends hein ? " Il me serre brutalement contre lui, faisant tomber mes deux verres et mon manteau. Je me débats de mon mieux avant de lui mordre l'avant bras. Il m'oblige à me retourner avant de lever la main sur moi, prêt à me gifler de tout son poids.

Enfin seul, je peux me concentrer sur ce que j’étais venu faire ici avant d’être interrompu . Cela peut paraitre faible mais c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour avoir l’esprit un tant soit peu en paix, et pourtant j’en suis maintenant à mon quatrième verre mais toutes ces images continues de tourner en boucle dans ma tête, je crois qu’au stade où j’en suis il me faudrait une lobotomie pour être tranquille. Je suis le genre d’homme qui assume ses actes, le passé est passé mais ne peut être oublié, on est sensé avancer de nos erreurs… toutes ces belles paroles me semblent bien dérisoire ce soir, j’ai l’impression de reculer plus que je n’avance.

Je soupire et lance un regard furtif autour de moi, visiblement je ne suis pas le seul dans cet état d’esprit, le bar est plein de type seuls qui ne sont là que pour se souler, je me demande ce qu’ils ont à oublier, est-ce qu’un seul d’entre eux à fait des choses aussi horrible que moi? Alors que je suis perdu dans ces rêveries, je l’aperçois à seulement quelques mètres de moi. Joyce, cette fille qui m’a fait tourné la tête, cette fille qui m’a fait ressentir des choses que je n’avais pas ressentit depuis des années, cette fille qui m’a fait me sentir faible, dépendant et jaloux. Les histoires d’amour ne sont pas faites pour moi, je me sert des femmes et je les jette sans état d’âmes, je ne m’attache pas! Et pourtant…

Elle ne semble pas m’avoir vu, c’est peut être mieux ainsi. La manière dont je l’ai quitté était violente peut être même méchante et cruelle; il le fallait, je voulais qu’elle lâche prise, qu’elle n’essaye pas de revenir parce que je n’étais pas sur d’être assez fort pour lui résister et elle aurait finit par me détruire. Je ne pense pas qu’elle est une grande envie de me voir, je la quitte des yeux, me reconcentre sur mon verre en réfléchissant, peut être que je pourrais essayer de lui parler, ça me ferait de bien de l’avoir avec moi juste pour cette nuit… Non je me suis fait une promesse et je m’y tiendrais, il faut que ne quitte ce bar avant qu’elle ne me voit.
J’ai presque atteint la sortie quand je me tourne une dernière fois pour l’observait. Un type est à ses côté, et voilà que cette jalousie revient, il faut vraiment que je sorte d’ici! Alors que j’allais franchir la porte, j’entend le type qui hausse la voix, je crois halluciner quand je la voix ce débattre contre cet idiot. Cette fille attire les ennuis mais au moins elle a du répondant, je secoues la tête et me résous à aller l’aider, une nouvelle fois. Ce type ne sais pas dans quoi il s’est embarqué, j’arrive à leurs hauteur et attrape sa main avant qu’elle n’atterrisse sur le doux visage de Joyce.

Je crois que ce n’est pas une bonne idée.

Je n’ai pas finis ma phrase que je lui envois une droite qui le propulse sur le sol. Il devait avoir pas mal bu lui aussi pour s’effondrer si facilement. Je me félicite de la courte durée de cette affrontement mais je vois un autre type arrivé droit vers moi, le visage rouge de colère, surement un accolyte de celui qui est par terre. Et moi qui m’étais promis de ne pas provoquer de bagarre! Je me retourne vers la jolie blonde et ose enfin croiser son regard.

Tu vas bien?

Je caresse doucement sa joue, oubliant l’espace de quelques seconde tout ce qui se passe autour de nous.

Je n’avais même pas remarqué que Tig s’était levé, trop occupée à me défaire des mains de cet abruti. « Je crois que ce n’est pas une bonne idée. » * Non, tu crois ?! * Enervée contre le monde entier, je recule d’un pas inconsciemment, remarquant par la même occasion le visage du type se demander se qui se passe. Avant qu’il eu le temps de dire « quoi », je le vois le c*l à terre, à moitié assommé et ne peux m’empêcher de sourire. Voilà qui est mieux. Je ne suis pas une adepte des gardes du corps, ni une de ses filles qui aime avoir un chien de garde avec elle mais, j’avoue qu’une bonne droite est essentielle de temps en temps. Je trouve seulement dommage que les filles n’en soient pas dotées elles-aussi ou, du moins, pas dotées d’une force suffisante pour s’en sortir seules. Cela nous empêcherait d’être soumises et dépendantes des gars comme les sons, par exemple mais, je dis ça, je ne dis rien. Je suis surtout dépendante à ma dépendance à leur égard, surtout celle de Tig. Lorsqu’il se tourne vers moi, je vacille légèrement, marchant maladroitement sur les débris de verre à terre. Je n’aime pas quand il est près de moi, il me rend conne et docile. « Tu vas bien ? » Il me caresse la joue mais, je repousse sa main d’un revers de la mienne. « C’est bon, ça va. » Je lui parle sèchement mais le regrette aussitôt. Au lieu de me montrer à ce point malhonnête, je devrais plutôt le remercier mais, je n’ai pas le temps ni le sang froid pour. Un autre gars arrive en courant derrière lui et, tâchant de garder mon calme, je plaque Tig au comptoir, histoire que le deuxième type ne lui rentre pas dedans comme un ogre. Il fini par s’exploser tout seul par terre, n’ayant rien pour arrêter son élan ni à quoi s’accrocher en tombant. Un ricanement timide s’échappe de mes lèvres avant que je constate notre proximité nouvelle. Sans le lâcher du regard, je m’éloigne rapidement, me demandant pourquoi ne suis-je pas resté clouée au lit ce soir.

Pendant que deux hommes –surement les deux seuls qui sont encore sobres, et encore- font sortir les deux types à terre, je recule pour prendre place sur un des tabourets du comptoir à nouveau. C’est tellement rare de voir Tig sans les autres que sa présence, aussi solitaire qu’elle soit, ici me trouble un peu. Sans un mot, je l’invite à s’assoir près de moi d’un simple regard. Un long moment de silence s’en suit, le serveur en profite pour me resservir mes verres, tombés à terre quelques minutes plus tôt. Je fais glisser l’un d’eux jusqu’à Tig. « Merci... » Enfin. Oui, enfin ce mot ose s’aventurer en dehors de ma bouche, en dehors de mes pensées. C’est rare que je le prononce alors, autant le faire tant qu’il n’est pas en mesure de s’en rappeler. « …mais ne te sens pas obligé de me tirer des mauvais draps sans arrêt pour te racheter. Ca restera mission impossible, tu le sais ça ? » Je lui souris tendrement, peut-être même un peu trop. Je n'ai jamais levé la main droite et promis d'être gentille donc, c'est tout aussi normalement que j'ironise à propos de notre relation. Ma phrase est, en elle même, à double sens. Je parle, bien évidement, de la droite qui m'a envoyé au tapis lors de notre première rencontre mais, aussi, du coup fourré qu'il m'a fait dernièrement. Comment a-t-il pu me laisser tomber de cette façon ? Je le pensais plus intelligent que ça et, lui en veut malgré les apparences. Faisant tourner mes doigts sur le dessus de mon verre par habitude, je me contente de le fixer de façon enfantine et curieuse. J'ai beau essayer de rester neutre deux minutes, j'en suis incapable. Il me fascine autant qu'un cadeau de noël intrigue en môme avant minuit.

Cette fille va finir par me rendre dingue. Alors que je me laisse aller à ce qui pourrait ressembler à un moment d’intimité, elle me repousse et m’envois quasiment balader. J’aurais mieux fait de sortir d’ici quand j’en avais l’occasion, elle est petite mais hargneuse, je suis sur qu’elle aurait fini par avoir le dessus sur cet ivrogne après tout… oui mais il aurait eu le temps de la frapper en premier et cet image m’est insupportable. Je m’apprête à trouver une excuse bidon pour disparaitre mais avant que je n’ai pu dire quoi que ce soit, elle m’attrape par la chemise et me plaque contre le comptoir. Aurait elle changé d’avis, elle sait peut être rendu compte qu’elle ne pouvait pas résister à mon charme. Je comprend tout un coup son geste quand le deuxième gars, que j’avais déjà oublié, vient s’étaler à son tour à côté de son copain. Elle m’a éviter de me prendre un fou furieux à pleine vitesse, j’apprécie son geste, elle aurait très bien pu le laisser faire, j’aurais compris et même trouvé cette réaction plus normale. En tout cas je n’avais pas sous estimé sa force , je me demande où elle cache sa puissance sous ses airs de poupée.

Une multitudes de scènes pas très catholiques me traverse l’esprit quand je me rend compte à quel point son corps est proche du mien. Je ne peux m’empêcher de sourire, tandis que je respire ses cheveux, me rendant compte que j’étais même devenu accros à son odeur à l’époque… Je serait bien rester dans cette position encore un bout de temps mais elle a du se rendre compte de notre proximité parce qu’elle s’est reculée comme si je venais de la bruler. Je ne l’en blâme pas mais j’aurais aimé pouvoir prolongé ce moment. Je me moque de qui? C’est moi qui ai choisi de la sortir de ma vie et pas l’inverse!
Alors que les deux types se font sortir, elle me fait signe de venir s’assoir à côté d’elle. J’hésite un moment puis fini par me résigner, peut être est-ce l’effet de l’alcool qui m’a ôté toute volonté. Je m’assois sur le tabouret à quelques centimètres d’elle sans parler. Je sais sur je ne suis qu’un salaud, que même si la soirée ce passe bien, je trouverais un moyen de l’envoyer promener demain, ce qui la blessera encore plus. Comme si elle avait besoin de ça…

Alors que je suis en train de réfléchir à ce que je devrais faire, un mots sort de sa bouche que je ne m’attendais pas à entendre. Un simple merci me va droit au cœur, il faut vraiment que j’arrête l’alcool, ça doit m’adoucir ou quelque chose comme ça. Elle me sourit en ajoutant : «  …mais ne te sens pas obligé de me tirer des mauvais draps sans arrêt pour te racheter. Ca restera mission impossible, tu le sais ça ? » et fait tomber mes dernières barrières. Je plonge dans son regard, incapable de répondre pendant plusieurs secondes. Cette fille doit avoir un pouvoir envoutant sur moi, c’est pour ça que je ne voulais pas d’elle dans ma vie, je déteste me sentir comme ça.

Ce n’est pas ma faute si tu t’attires que des ennuis!

Je souris en repensant à notre première rencontre qui avait quelque similitudes avec ce soir. Elle était en train de se faire agresser par deux colosses, bien plus dangereux que les types de ce soir. Heureusement pour elle, mes frères et moi étions dans les parages et nous sommes empressé d’intervenir, on ne laisse personne s’en prendre à une dame à Charming. Bon la bagarre qui s’en ait suivi à un peu dégénéré et je l’ai malencontreusement frapper au visage. C’est devenu par la suite un sujet de plaisanterie entre nous et je pense que c’est ce qui a favoriser notre rapprochement… jusqu’à ce que je décide de tout gâcher!
Je bois le verre que le barman viens de m’apporter et me met à la fixer à mon tour.

On ne devrait pas faire ça…

Je pose ma main sur la sienne en disant ces mots, comme si mon corps et mon esprit était en contradiction. Bien sur je ne parle pas seulement de prendre un verre ensemble et je pense qu’elle le comprend. Je n’ai aucune envie de partir, de la laisser là mais je sais pourtant que je ne devrais pas rester.

Je le vois s’approcher doucement, ce qui m’inquiète un peu. Soit il est vraiment atteint par l’alcool, soit il a encore changé d’avis. Je le laisse s’installer près de moi sans rien dire, attendant le déluge ou, le moment opportun pour ouvrir la bouche. Lorsque je le fais, faut avouer que mes mots sont joueurs mais, ne sont pas forcément fair-plays. Je rouvre malgré moi des blessures du passé et, dieu sait que je déteste cela. Je ne comprends pas qu’on se fasse du mal en cherchant et fouinant dans nos souvenirs alors que vivre dans le présent est tellement plus excitant. La mémoire, quelle qu’elle soit, a toujours été quelque chose de malsain, aussitôt nous rendant heureux et nostalgiques à la fois. Avec Tig, ne ce sont pas les souvenirs qui manquent mais, ce sont les pires qui sont gravés à sang dans mon cœur. Essayant de ne rien faire paraitre, je lui souris bêtement lorsqu’il me rappelle à quel point je suis douée pour m’attirer des ennuis. « Même pas faux, d’abord… » Puéril comme réponse mais, c’est ça que j’aime avec lui : je peux être moi-même sans avoir peur d’être jugée. Je sais qu’il me dira toujours mes quatre vérités en face et, de toute façon, j’aurais toujours une réplique à lui sortir à mon tour. J’ai beau ne pas apprécier le ping-pong, j’aime jouer avec lui tant qu’il me laisse le faire. C’est ce répondant, cette dérision qui m’encourage à ne pas lâcher prise, à ne pas baisser les bras. Mon sourire s’efface peu à peu, à fur et à mesure que je prends conscience qu’il me fixe lui aussi de façon insistante. La situation en devient presque gênante et, pour briser la fusion de nos regards, je prends mon verre et le bois cul sec. Il choisi ce moment pour me prendre la main, ce qui me fais presque étouffer. Surprise par son geste, je ne pense pas tout de suite à retirer ma main, trop heureuse de sentir une caresse affective de sa part. « On ne devrait pas faire ça… » « Faire quoi ? » Je n’attends pas forcément une réponse de sa part et, à vrai dire, j’ai, une de fois plus, parlé sans réfléchir. Posant mon regard sur nos mains, je retire la mienne et sens le sang me monter aux joues. Non, on ne devrait pas faire ça…

Je n’ose pas vraiment lever la tête par peur de croiser ses yeux et bégailler comme une adolescente. J’aimerais pouvoir lui mettre mon poing à la figure, trouver le courage de lui dire combien de lui en veux mais, cette haine est étouffée par d’autres sentiments, bien plus forts, plus tenaces. Lorsque je me résous à lui répondre sérieusement, les mots que je prononce ne le sont pas forcément. « Je n’ai rien fait, c’est toi qui t’obstine à mes suivre partout où je vais. » Je souris, fière de moi mais, toujours les yeux baissés. « Faut croire que c’est inévitable. » L’amusement dans ma voix s’est envolé et comme par enchantement, mon verre se retrouve rempli à nouveau. Le serveur m’ayant vu descendre ce dernier aussi vite, il l’a remplie à nouveau, histoire de me faire payer le prix fort en fin de soirée. Inconsciemment, je le serre tout de même dans mes mains, pour les tenir occupées. « Pourquoi ? » Cela sort tellement hors contexte que je me surprends à regretter que ce mot soit sorti tout seul de ma bouche. Toutefois, maintenant que c’est fait, j’en profite. Je croise mes jambes par habitude, frôlant son jean sans même l’avoir fait exprès. « Qu’est-ce qu’on ne devrait pas faire… ? » J’ose lever les yeux doucement, regard en coin, guettant un signe de faiblesse de sa part. Je fais exprès de lui poser une telle question, sensible et intime, pour essayer de lui faire un électro choque. C’est bien beau de me dire « fais pas ci, fais pas ça » mais, je ne suis pas une poupée barbie, une marionnette avec laquelle on s’amuse quand on veut. J’ai essayé de jouer les filles faciles et un tantinet cruches mais, cela n’était pas fait pour moi. Je dois être anormale mais, mon cerveau n’arrivait pas à fonctionner comme celui d’une blonde habituelle. Faut croire que, derrière la teinte de mes cheveux, il y a un cerveau…

Pourquoi rend elle toujours les choses si difficiles? Elle sait autant que moi qu’on est pas fait pour être ensemble, on est trop différents, on a pas les même attentes dans la vie. Et on ne peux pas dire que je croie en l’amitié homme/femme, j’ai de l’expérience et je sais que c’est une chose qui n’a jamais fonctionné. Je secoue la tête et détourne mon regard alors qu’elle semble ne pas comprendre ce que je viens de lui dire.

« Tout! Rien… on ne devrait rien faire ensemble »

Mon ton a était plus sévère que je ne l’aurais voulu, peut être ais je été inconsciemment vexé qu’elle enlève sa main de la mienne comme cela, qu’elle me repousse à son tour. Je n’aurais pas dû rester ça c’est sur, si j’avais la moindre conscience je partirais maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Malheureusement pour nous deux, ce soir je n’ais ni conscience ni morale; je continue de fixer le mur devant moi, essayant de concentrer ma pensée sur les bouteilles étalée sur l’étagère plutôt que sur la sensation de sa jambe contre la mienne. Je ne suis même pas sure qu’elle le fasse exprès, bien qu’elle est bien plus maligne qu’elle peut le laisser paraitre, mais elle devrait faire attention à ces gestes. Cela fait deux fois ce soir qu’elle provoque un contact entre nous et elle sait par expérience que je ne peux pas lui résister longtemps, encore moins avec autant d’alcool dans le sang. Il faut que je reprenne le pouvoir dans cette relation, lui montrer que c’est moi qui dirige, ne surtout pas la laisser croire que je suis à sa merci. J’ai tenté plusieurs approches, malgré ma détermination à ne plus jamais la revoir, et c’est elle qui me repousse. Je devrais saisir l’opportunité qu’elle me tend et ne pas réfléchir avec autre chose que ma tête.

« Tu as raison, peut être qu’on est condamné à se retrouvé à chaque fois que tu as des ennuis, mais ça ne veux pas dire qu’on ne peux rien faire contre ça.  Tu devrais peut être commencer par éviter ce genre d‘endroit seul le soir.»

Je m’étais à nouveau tourné vers elle, malgré le mal que ça me faisait. Il est beaucoup plus difficile me convaincre que je n’éprouve rien pour elle quand je ne plonge pas dans son regard. Je les verre devant elle et constate pour la première fois ce soir qu’elle a du boire presque autant que moi en très peu de temps. Je me met à espérer ne pas être la cause de ce besoin soudain de boire, puis je me dis que je me donne peut être trop d’importance, elle a surement d’autres soucis dans sa vie. Peut être que je me suis même fait des idées, qu’elle n’était pas autant attachée à moi que je ne le croyais.. Que je l’espérais… Son comportement ce soir est assez éloquent.

« Qu’est-ce que tu essayais trouver en venant ici? »

Pourquoi je n’arrive pas à la laisser, je ressens ce besoin de m’occuper d’elle, d’être sur qu’elle aille bien… c’est tellement plus facile de jouer les machos que rien atteint.

« Tu as raison, peut être qu’on est condamnés à se retrouvé à chaque fois que tu as des ennuis, mais ça ne veux pas dire qu’on ne peut rien faire contre ça. » Comme une gamine qui se fait gronder, je lève les yeux vers lui de façon innocente. « Tu devrais peut-être commencer par éviter ce genre d‘endroit seule le soir. » Encore un « tu devrais » que j’aurais oublié demain matin. Je n’ai jamais été douée pour obéir à des ordres, quelles qu’elles soient et, cela me vient surement d’un manque paternel grandissant chaque jour. Je n’ai jamais eu quelqu’un pour me remettre à ma place lorsqu’il le fallait vraiment et, même à l’orphelinat, je ne me laissais pas dompter comme un lionceau en cage. Alors que les autres enfants craignaient les adultes qui nous surveillaient, je me glissais en dehors de mon lit le soir pour aller dans celui de Sara. A deux, on était plus fortes et, ce n’est pas pour rien que c’est avec elle que je me suis enfui par la suite. Elle me manque tellement, tout comme nos bêtises légendaires d’ailleurs. Avec elle, rien n’était grave et, il n’y avait vraiment pas de barrières. Souriant à son souvenir, je reviens à moi aussitôt. « Qu’est-ce que tu essayais de trouver en venant ici ? » « Peut-être ce que tu ne veux plus me donner. » Ma folle manie de répondre au tac au tac est une chose dont il faut vraiment que je me sépare. Lorsque je me rends compte de mon arrogance, il est trop tard. Les mots sont sortis de la bouche sans que je n’aie eu le temps de tourner ma langue sept fois à l’intérieur et, malgré moi, j’ai mal au cœur et une horrible envie de vomir. Je sais que c’est mal de remuer le couteau dans la plaie mais, qu’attend-t-il de moi ? Que ne sois toute gentille et mignonne, faisant semblant d’avoir un cœur de pierre ? Non, trop peu pour moi. S’il est capable de m’oublier si vite, moi, je ne le suis pas. J’ai mal et, je ne vois absolument pas pourquoi je devrais le lui cacher. Après tout, il est assez costaud pour supporter la colère d’une minette comme moi, non ? Le défiant du regard, je ne remarque pas que l’on me dévisage juste derrière lui. Un type, plus jeune que les deux premiers, tout sourire, me fixe avec insistance et cela fini quand même par m’interpeler. Adossé au comptoir pour pouvoir « m’admirer » de derrière Tig, il a l’air d’un abruti complet mais, je fais mine de ne l’avoir pas vu. Me tournant vers le serveur plus loin, j’entrelace mes doigts devant moi. « Et toi ? Tu t’attendais à finir ta soirée comment… en venant ici ? » Non loin de nous, la brunette qui faisait la gueule tout à l’œil nous fixait, elle aussi. Si cela ne tenait qu’à moi, je lui aurais présenté le boulet derrière Tig…

Plongeant mes yeux dans le bleu ciel des siens, je l’interroge du regard. C’est vrai quoi ! Il ne m’a toujours pas dit ce qu’il fait ici, si loin de ses complices. Pourquoi ce besoin soudain de solitude ? Ce n’est pourtant pas son genre. « Dans cette situation… » Je baisse les yeux vers mon verre, encore rempli. « …autrefois… » Je marque une nouvelle pause, hésitant à finir ma phrase. « …on l’aurait surement fini à deux. » Le dernier mot est suivi d’un soupire lasse. Je lève les yeux par curiosité mais, j’ai surtout peur qu’il me crie dessus pour avoir fait remonter notre histoire à la surface d’une eau déjà trouble. Rien n’a jamais été simple dans ma vie et, ce n’est pas lui qui va changer cela, bien au contraire. Puis, de toutes façons, c'est lui qui a commencé...

« Peut être ce que tu ne veux plus me donner » Je ne lui répond pas, il serait trop dangereux de discuter de ce sujet, la conversation pourrait partir dans deux sens très différents, je pourrais lui donner ce qu’elle veut, admettre que j’avais tord et m’excuser pour le mal que j’ai pu lui faire ou bien lui remettre les points sur les i encore une fois parce qu’apparemment je n’ai pas était assez clair la première fois. Elle me fixe comme pour me prouver qu’elle vient de marquer un point, peut être est-ce le cas… Je constate que son regard dérive à plusieurs reprises derrière mon épaule vers un type qui semble intéressé par la belle blonde. En tant normal je me serait mis en colère, depuis quand est-ce qu’un type reluque une femme qui est en compagnie d’un autre? J’étais prêt à lui faire remarquer avant de me souvenir que non elle n’est pas avec moi, on boit juste un verre ensemble rien de plus. Peut être que c’est le genre de gars qu’il lui faut, je me torture même à me demander si il pourrait lui plaire. Est-ce qu’il aurait le courage de tenter une approche si je part maintenant? Ne voulant pas la mettre encore plus mal à l’aise, je préfère garder le silence et la laisse poursuivre. Fidèle à elle-même, elle retourne la question pour qu’elle ne soit plus le centre d’attention.

« Depuis quand un homme à besoin d’un raison pour trainer dans les bars? »
Je lui sourit, amuser par la connotation machiste de cette remarque, mais elle en reste pour le moins vrai. Il est rare de voire une femme seule dans un bar sans idées derrières la tête, la plupart sont comme des requins à la recherche d’un proie. Je ne vais pas rester là à discuter psychologie avec elle. La brune de tout à l’heure est revenu et bizarrement je ne la vois plus comme un boulet mais comme une porte de sortie. Alors qu’elle évoque une nouvelle fois le passé avec ce qui semble être un soupçon de nostalgie, je descends de mon siège et m’approche encore plus près d’elle. J’écarte la masse de cheveux qui cache son visage et lui murmure pratiquement à l’oreille.

« Tu sais très bien que ce n’est pas possible nous deux, on en a déjà parlé… » Mon ton est trop doux, ça ne colle pas du tout avec le message que je veux lui faire passer. Je fais un signe au type qui était derrière moi comme pour lui dire, vas y je te laisse la place. Je suis conscient que ça va certainement pas plaire à Joyce mais je n’ai plus le choix.

« Il faut que tu passes à autre chose parce que moi je ne vais pas me gêner»

Sur ces mots je m’éloigne sans un regard vers la jolie brune qui semble m’attendre, je lui passe un bras autour de la taille et l’emmène vers une table un peu plus loin. Elle me suit sans poser de question avec un grand sourire comme si je ne l’avais pas envoyer promener quelque minutes avant. Elle est tout le contraire d’Ashley et c’est-ce dont j’ai besoin ce soir. J’aurais peut être du quitter le bar avec elle, mais une pulsion malsaine me pousse à rester. Est-ce une envie de rendre la jolie blonde jalouse? Ou simplement le besoin de m’assurer que je ne l’ai pas laisser en mauvaise compagnie, avec la chance qu’elle a on peut s’attendre au pire.